La claque qui a failli me faire abandonner Doëna

C’est une sensation étrange, vous savez, de terminer un roman. Après trois ans à écrire, effacer, recommencer, mon premier tome de la saga Doëna était enfin là, devant moi. 95 000 mots qui représentaient tellement plus qu’un simple nombre. Alors, oui…. Bien sûr. Je savais que le travail ne s’arrêtait pas là. Mais c’était le tout premier roman que j’écrivais. Et je n’étais pas clairement pas préparée à tout ce qui allait suivre.

 

L’enjeu du premier retour

Maintenant que le roman était terminé, il fallait qu’il soit lu par quelqu’un d’autre. Pourquoi ? Pour s’assurer de la cohérence du scénario, voir s’il y a bel et bien un intérêt, si les personnages sont attachants. En sommes, il y avait beaucoup de choses à vérifier.

Et quand il a fallu choisir quelqu’un pour lire mon premier jet, ma sœur était une évidence. Elle avait vu ce roman grandir, jour après jour, et avait même donné vie à l’univers avec des dessins. 

Vous voyez, je cherchais un regard familier, pas une critique professionnelle qui m’engageait plus sérieusement dans le récit. C’était plus simple. C’était rassurant.

Mais, puisque c’était mon premier roman… J’ai fait une erreur capitale. Je ne lui ai donné aucune consigne claire. Je lui ai juste dit que je voulais savoir si mon histoire était intéressante. Et qu’elle me pointe les faiblesses de mon récit. Mis à part ça, il n’y avait aucune consigne claire. Aucune deadline. 

Les jours se sont étirés en semaines, sans le moindre retour. Vous connaissez cette gêne quand vous voulez demander quelque chose mais que vous n’osez pas ? C’était un peu ça, chaque fois que je parlais avec elle. Est-ce qu’elle a lu ? Est-ce qu’elle n’aime pas ? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête, et mes journées devenaient de plus en plus lourdes.

 

Le Moment de Vérité

Puis est venu ce jour où j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Après tout, j’avais également pu prendre du recul vis-à-vis de mon récit. J’ai lu, écrit à autre chose, profité de mes amis et de mon temps libre. Et mes idées devenaient de plus en plus claires. J’avais comme un pressentiment. Comme si… Comme s’il ne se passait rien, dans mon récit.

J’ai envoyé ce message à ma sœur pour lui faire part de mon interrogation. Sa réponse m’a déchiré le cœur. 

Oui, tu as raison.

Elle était en plein dedans et… Elle m’a confirmé que le récit était plat, qu’il n’apportait pas grand-chose, que les personnages étaient trop lisses et que je racontais des choses au lecteur sans lui laisser l’opportunité d’en faire lui-même l’expérience.

Alors, oui. Ses retours se sont concentrés sur tout ce qui n’allait pas. Elle a fait exactement ce que j’avais demandé :  se focaliser sur le négatif pour m’aider à m’améliorer. Mais entendre une liste de tout ce qui clochait dans mon histoire, sans aucune fioriture, c’était un choc. C’était brutal.

 

Remise en question et résilience

J’ai failli tout laisser tomber. 

L’idée de reprendre depuis le début me semblait insurmontable. C’était comme si toutes ces années d’effort s’étaient envolées en un instant. Toute cette passion, toute cette sueur, tout ce temps accordé alors que j’ai un travail à côté. Et il fallait tout reprendre ? Non, très peu pour moi. Merci. Au revoir.

Pourtant, quelque chose a changé le lendemain. Une nouvelle détermination a pris place. On dit souvent que la nuit porte conseil et, pour le coup, j’ai prouvé que l’adage est vrai.

Les idées pour restructurer, améliorer, enrichir l’histoire ont commencé à affluer dans mes pensées. Le lendemain soir, j’avais mon PC portable sur mes genoux et j’écrivais. Encore et encore. Soudain, la réécriture complète ne me semblait plus être une montagne insurmontable, mais une opportunité assez grisante. Les personnages sont devenus bien plus intéressants, j’avais un plot twist en tête… Et, surtout, je savais comment mettre du show don’t tell au cœur de mon récit.

 

La leçon apprise

Cette expérience, même si elle a été assez douloureuse pour moi, m’a enseigné une leçon très importante. L’importance de la résilience. C’est quelque chose que j’appliquais dans ma vie personnelle et professionnelle, mais que je n’avais encore jamais appliqué pour l’écriture. Et, croyez-moi, elle est encore plus importante dans ce cas de figure. Pourquoi ? Parce qu’écrire est une passion. Un projet de vie. Et ma sensibilité est à fleur de peau quand je parle de ce sujet.

Alors… Oui, les critiques peuvent faire mal. Et notamment lorsqu’elles viennent d’une personne proche. Mais elles sont aussi un moteur puissant pour le changement et l’amélioration

Doëna, dans sa forme actuelle, est le résultat de cette claque – une claque qui, au final, m’a poussée vers l’avant, vers une version de mon histoire plus riche, plus profonde. Et vous savez quoi ? Je ne regrette rien.